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Réflexion sur le perfectionnisme

Par Catherine Landry-Plouffe, psychoéducatrice

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Le contexte des derniers mois a suscité beaucoup de bouleversements toutes sphères confondues. Comme bien des personnes, ça m’a amenée à développer de nouvelles habitudes et à débuter de nouveaux projets. Par exemple, j’ai appris à faire des infolettres, à poser des luminaires et je me suis timidement initiée à la guitare. Je pourrais continuer à les énumérer, mais en résumé la nouveauté est partout.

Pour la plupart de ces projets, je les ai commencés avec enthousiasme, mais avec le temps ça a laissé place à la frustration. Celle liée au fait de ne pas savoir comment faire, aux nombreuses heures investies à chercher des réponses, au manque de fluidité et j’en passe. En réponse à cela, j’ai mis de côté plusieurs de ces projets avec l’intention de m’y remettre lorsque le temps sera plus propice.

Quelques mois plus tard, je dois admettre que la plupart de ces projets sont demeurés en suspens et que le bon moment ne s’est jamais présenté. Les sentiments de frustration ont été remplacés par de la déception et même de la honte. Je ne peux pas dire si c’est le contexte actuel ou le fait que la nouveauté est omniprésente, mais cette fois-ci j’ai voulu me pencher sur cette fâcheuse habitude.

Dans un premier temps, j’ai voulu comprendre. L’explication qui a piqué ma curiosité est venue d’un podcast.  L’animatrice a commencé en demandant : « Êtes-vous perfectionniste? » Automatiquement, ma réponse a été « Non! ». Ma conception du perfectionnisme est de se donner corps et âme afin de se rapprocher de la perfection. Compte tenu de ce que j’ai décrit plus haut, je m’estimais loin de cette définition.

Mais j’ai été intriguée et j’ai voulu mieux comprendre ce qu’est le perfectionnisme. Deux définitions sont ressorties. La première est qu’il s’agit de s’imposer des standards très élevés, quasiment impossibles à atteindre, et de travailler d’arrache-pied pour y arriver. La deuxième est celle de la chercheuse, travailleuse sociale et conférencière Brené Brown. Elle dit :

« Le perfectionnisme n’est pas une quête pour être meilleure c’est plutôt une croyance que si l’on vit parfaitement (apparence et actions) on peut diminuer et enlever la douleur de la honte, du blâme, du jugement et de la culpabilité. C’est une armure qu’on croit qui nous protègera alors qu’elle nous empêche de voler et de s’épanouir ».

Crédit : pixabay.com

Selon cette définition, on adopte des comportements perfectionnistes pour se protéger de l’extérieur et de ses émotions. Ces comportements prennent plusieurs formes, allant de travailler d’arrache-pied, à ne pas commencer, à abandonner à tout moment pour une panoplie de raisons, à consacrer un temps démesuré sur des détails plutôt que sur l’essentiel. Le dénominateur commun c’est l’intention. Celle de vouloir se protéger du jugement ou de ressentir des émotions désagréables. Toutefois, par le fait même on se coupe des autres et de la vie qu’on veut avoir.

Cela m’a amenée à constater que peu importe ce que l’on fait on ne s’en sort pas. Si on ose, on court le risque de ressentir ou de vivre une panoplie d’émotions et de situations inconfortables. D’un autre côté, si on laisse tout en suspens ou si on travaille jusqu’à l’épuisement on vivra aussi des inconforts. Présenté ainsi, il est évident que la première option est la meilleure. Mais comment éviter d’y déroger? Je pense que la réponse vient en deux temps. Premièrement, en étant bienveillant avec soi-même lorsque ça arrive. Deuxièmement, en se posant régulièrement la question : Pourquoi ce projet est-il important pour moi? Je pense qu’ainsi on se recentre sur l’intention initiale.

C’est avec cette perspective en tête que j’écris ce texte. Celle de constater que mes pensées m’encouragent à cesser de l’écrire pour diverses raisons : parce que je ne suis pas inspirée, parce que je me dis que ce n’est pas assez bon ou que je devrais faire autre chose en ce moment. Je sais qu’au fond, c’est la peur de vivre et de ressentir certaines émotions qui est à l’origine de ce désir d’abandonner ou au contraire de vouloir retravailler continuellement ce texte. J’ai donc plutôt décidé d’oser. En y allant une étape à la fois et en gardant en tête la raison pour laquelle j’ai entamé ce projet. Je me dis aussi qu’au pire je pourrais sortir la tête haute d’avoir osé et ça, ça me rend fière.