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La vie est si fragile

Par Caroline Charpentier.

J’ai eu cette réflexion à plusieurs reprises. À vrai dire, à force d’entendre des choses tragiques qui surviennent ici et là, je me dis que la vie est fragile. Ça me vient quand j’apprends le décès de quelqu’un ou l’accident qu’une autre a eu. À chaque fois  je me dis: «maudit que la vie est fragile et que je dois en profiter à 100%». J’ai commencé à le réaliser quand une amie a eu un important accident d’auto qui aurait pu lui être fatal. Après, une autre amie a vécu le cancer à un jeune âge. Une autre, son papa est subitement décédé,  un autre, sa maman a arrêté ses traitements de chimio à cause de ses cancers (ben oui, le cancer peut aussi être au pluriel). Moi-même, la vie m’a quelque peu brassée avec une grosse chute à la tête qui me fait vivre différemment depuis; mais, j’aurais pu y passer sans cette amie qui était là pour m’aider. Et, au moment d’écrire ces lignes, ce cher Jean Lapierre qui vient de nous quitter dans des circonstances complètement dramatiques.

fragileEt là, on va entendre qu’il y a un sens à tout ça, qu’il faut en tirer des leçons. Bon, des fois, oui. Mais dans d’autres circonstances, trouver des explications à l’inexplicable ne fonctionne pas. Et, c’est là que, lorsque j’entends des histoires comme ça, ça me rappelle à quel point la vie est fragile et comment elle peut basculer en un instant. L’entourage, le travail, la santé mentale et physique, le domicile, ne sont ni acquis et ni éternels.

Mon traumatisme crânien m’a aidée à apprécier les petites choses et me recentrer sur l’instant présent. Il m’a fait voir que je suis nostalgique de certaines choses que je n’ai pas prises ou eu le temps de faire dans le passé. Il m’a aussi amené à savourer les choses que je prenais pour acquises. Et il me permet de moins anticiper des aspects du futur envers lesquels je réalise que je n’ai aucun pouvoir.

J’essaie de voir aussi. Admettons, que je sois à ma dernière journée de vie, qu’est-ce que je voudrais faire? Qu’est-ce que je regretterais de ne pas avoir fait ou pu faire? Quelles seraient mes raisons qui font que je ne l’aurais pas encore fait? Qu’est-ce qui me ferait vivre de la colère, de la tristesse? Qu’est-ce qui me rendrait fière et qui m’amènerait de la joie? Est-ce qu’il y a des choses, des façons de faire que j’aurais voulu changer, améliorer ou peaufiner? Inquiétez-vous pas, ma santé mentale va bien! C’est ma façon de profiter de la vie, en appliquant les réponses à ces questions.

Des fois je me trouve intense car je dis beaucoup à mes proches que je les aime, de faire attention à eux, d’être prudents, de relaxer plus, de se reposer davantage, de vivre plus et j’en passe. C’est vrai que ce n’est pas toujours évident de savourer chaque instant quand le quotidien amène son lot d’occupations et d’obligations. Je veux bien vouloir profiter de la vie mais je dois travailler pour avoir des sous. C’est le tourbillon du quotidien qui peut faire perdre l’idée que rien n’est acquis. Et, on dirait que c’est lorsqu’un événement arrive, qui vient chercher émotionnellement, cette fameuse phrase: «aille oublies-le pas, la vie peut vite basculer, elle est si fragile. »

Pis? Vous en pensez quoi?