Par Stéphanie Deslauriers.
L’amitié est un concept relativement complexe, qui nécessite plusieurs ingrédients pour voir le jour et surtout, perdurer dans le temps; de l’intérêt pour l’autre, de la confiance, du partage, de la réciprocité, de l’empathie, l’absence de jugement, l’acceptation de l’autre, de la complicité, des confidences, du plaisir pour ne nommer que ceux-là.
À l’ère des amitiés virtuelles, il semblerait qu’on ait simplifié l’amitié à son plus simple appareil : accepter la demande d’amitié ou non, comme lorsqu’on était jeunes et qu’on envoyait des lettres pliées savamment avec LA question : veux-tu être mon ami/amoureux/peu importe? Coche Oui ou Non.
Or, à cette époque, on connaissait la personne à qui on envoyait cette missive. Aujourd’hui, juste besoin d’avoir 2-3 amis en commun (ou pas) avec une personne, lui envoyer une demande, attendre une réponse positive et hop! On est amis. On peut alors avoir accès à des informations privilégiées, des échanges avec ses autres amis, des photos prises il y a 20 ans avec un appareil jetable, au moment du bain/à l’Halloween/au souper de fête de mamie qui nous a quittés depuis.
On peut avoir accès à une grande part d’intimité, malgré qu’elle soit affichée sur un réseau social, de notre nouvel ami. Si cet ami est le moindrement actif sur les réseaux sociaux, on suit le fil de ses pensées au quotidien. D’abord plus timides, on finit par se sentir à l’aise avec cette personne, qu’on connait depuis maintenant quelques jours, quelques semaines. On commente, on « aime » (ou « apprécie »), on interagit. On peut même pousser la chose jusqu’à écrire en privé et espérer une réponse.
Il arrive que ce genre de relation virtuelle, lorsqu’elle est nourrit de manière bidirectionnelle, prenne de l’ampleur jusqu’à devenir réelle. Jusqu’à provoquer de vraies rencontres pour éventuellement se muer en réelle amitié. Et ça, c’est formidable. Merci, réseaux sociaux de nous permettre d’entrer en contact avec des individus qui partagent nos passions, nos intérêts.
Personnellement, j’ai noué quelques réelles amitiés de la sorte.
Mais il arrive également qu’une seule des deux personnes impliquées dans « l’amitié » perçoive les choses ainsi. Qu’elle ait l’impression de nous connaitre, de partager plusieurs points communs avec nous, de se sentir bien en nous lisant, de se reconnaitre dans nos propos, de sentir une réelle connexion.
À sens unique.
Et l’amitié, réelle ou virtuelle, ne peut pas fonctionner à sens unique. Il DOIT y avoir de la réciprocité. Autrement, on peut parler d’inspiration, d’admiration, d’intérêt, mais sans plus. Autrement, un grand déséquilibre s’installerait dans la relation; une personne qui est nourrie constamment et une personne qui nourrit constamment. Ça ne peut pas fonctionner. Vous imaginez-vous avoir que des amis à nourrir dans votre entourage et personne pour vous nourrir en retour? Vous seriez bientôt à sec.
Personnellement, j’ai fait le choix, récemment, de restreindre l’accès à mon profil Facebook à mes amis, à mes collègues, les membres de ma famille, des gens qui me nourrissent et qui, je crois, je nourris (ou suis en mesure de nourrir éventuellement).
Parce que j’ai malheureusement pu constater que certains individus utilisent à mauvais escient les réseaux sociaux, pour épier, envier, reprocher, se comparer et, au final, sucer beaucoup d’énergie.
C’est facile, de se comparer sur les réseaux sociaux! De ne voir que le beau, le positif partagé par nos « amis ». D’ailleurs, plusieurs études ont fait le lien entre dépression et réseaux sociaux.
Et ce constat est assez récent (et ma naïveté assez grande, me direz-vous. Et vous avez sans doute raison.). Le besoin de me préserver aussi. De conserver des informations privilégiées pour mes réelles amitiés. De faire la part des choses entre mon image sociale et mon image privée.
Je suis encore en apprentissage en ce sens, mais je me sens de mieux en mieux dans mon utilisation des réseaux sociaux, probablement parce que je me respecte davantage.
Vous, quelle relation entretenez-vous avec les réseaux sociaux?