Dans le cadre de mes fonctions à l’Université de Montréal, j’ai la chance de faire la connaissance d’une foule d’étudiantes plus allumées les unes que les autres. Naomi Rouillard, finissante à la maitrise, fait partie de celles-là. Elle a généreusement accepté de partager une partie de son essai sur la psychoéducation tel que rédigé dans le cadre de son dernier travail de stage de maitrise. – Stéphanie
Plus j’évolue comme intervenante, plus je réalise qu’on ne choisit pas réellement une approche, on découvre plutôt celle qui correspond à nos valeurs, notre personnalité, nos forces et nos limites. Ainsi, selon Gendreau (2001), toute personne qui a « connu l’expérience de soi, quiconque a vécu ses vulnérabilités sans trop de défenses anesthésiques et sans dramatiser, peut ensuite faire face à ces mêmes vulnérabilités et même les utiliser » (p.100).
Cela correspond tout à fait à la vision de la psychoéducation selon laquelle le psychoéducateur est son propre outil. La pratique de la psychoéducation implique d’être capable de se regarder soi-même, de se remettre en question et de s’aimer tel que l’on est. En effet, pour pouvoir faire preuve de considération et d’empathie envers nos usagers, il faut être capable de faire preuve de la même générosité et de la même acceptation envers soi; être en mesure d’accueillir nos vulnérabilités et de les voir comme une partie intégrante de qui l’on est.
Pour ma part, je découvre de plus en plus que le respect que je ressens pour l’autodétermination de chaque personne me pousse à favoriser une approche d’empowerment (ou d’appropriation) afin de redonner à la personne le pouvoir sur sa vie et sur sa situation. Dans l’établissement des rôles et des responsabilités de chacun dans la relation psychoéducative, l’usager est responsable de participer à la démarche, d’accepter de se remettre en question et de se risquer à tenter de nouvelles manières de penser et d’agir.
Je crois que lorsque la personne parvient à ressentir la considération, l’empathie, le respect et la confiance qu’éprouve le psychoéducateur envers elle, la part la plus importante du rôle du psychoéducateur est accomplie. C’est par la suite que l’usager doit « travailler ». En ce qui concerne le psychoéducateur, l’utilisation (un des schèmes relationnels psychoéducatifs) devient la manière d’accompagner la personne dans un cheminement dont elle est l’auteure principale.
Ainsi, l’utilisation est l’art de reprendre ce que la personne a vécu pour l’amener à une prise de conscience sur sa propre réalité. Cette prise de conscience pourra par la suite déboucher sur une action vers le changement.
Dans cette optique, le rôle du psychoéducateur est celui d’un facilitateur. Il fait le lien entre la personne et les composantes de l’intervention. Le psychoéducateur utilise les composantes de l’intervention pour mettre en place les conditions nécessaires à ce que la personne fasse des apprentissages ou mette en pratique de nouvelles stratégies. Pour arriver à être ce pont entre la personne et l’intervention, le psychoéducateur doit réussir à établir une relation de confiance.
Car la relation de confiance est préalable à toute intervention auprès d’une personne. Dans certaines situations, cette relation de confiance et de respect s’installe d’elle-même. Par contre, il peut arriver que cela demande plus d’intentionnalité de la part du psychoéducateur. Ainsi, le psychoéducateur doit être capable de reconnaître ce que la relation lui fait vivre personnellement. Le psychoéducateur doit être capable de prendre du recul et de voir la situation avec les lunettes de la personne. Il doit réaliser que la personne possède son propre vécu qui l’a amenée là où elle se trouve.
Car les êtres humains ont toujours le choix, par contre, ils n’ont pas tous les mêmes options.