Par Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice, maman, femme.
Ce matin, j’ai mal au cœur.
C’est que je suis écoeurée.
Littéralement.
Et qu’hier soir, aussi écoeurée que ce matin, je découvrais cette vague de dénonciation contre des blogueurs, influenceurs, gars des médias.
Ces gars qui ont abusé de leur pouvoir, de leur popularité et de leur notoriété pour harceler sexuellement des filles.
Des filles, oui, car elles n’étaient pas encore des femmes.
Elles avaient quoi? 13, 14 ans.
Des jeunes adolescentes.
Encore un peu (pas mal) enfant, avec un corps qui change, se transforme tout doucement pour devenir adulte.
Des jeunes filles impressionnées par ces gars adultes qui ont du succès, qui sont drôles, intelligents, qui pensent « outside of the box ».
Des gars qu’elles idéalisent, voire qu’elles idolâtres.
Vous imaginez leurs émotions quand un de ceux-là leur écrit en privé? S’intéressent à elles? À elles!
Elles qui sont à un âge où elles se cherchent, recherchent l’approbation des autres, quelque chose qui les distingue des autres, aussi.
Et voilà qu’un gars populaire leur témoigne de l’intérêt. Les fait parler, se confier, se montrer vulnérable…pour mieux abuser d’elles et de leur naïveté de jeunes filles de 13, 14 ans.
Et voilà que ce gars populaire les insulte, se radoucit, s’excuse, lui offre un cadeau puis, une photo non sollicitée de son pénis. Probablement en leur demandant une photo d’elles, nues, en échange.
Dans la terminologie légale et d’intervention, il s’agit d’une agression sexuelle.
Oui, même s’il n’y a pas eu de touchers, de contacts directs.
Une agression sexuelle. De la violence sexuelle. Des mauvais traitements sexuels.
Ajoutons à cela le facteur âge : on assiste à de la pédophilie.
Oui. C’est le mot exact pour désigner ces gestes.
Un adulte qui s’exhibe devant une fillette.
Un adulte qui demande des faveurs sexuelles, directement ou à demi-mot, à une fillette.
Un adulte qui tient des propos obscènes à une fillette.
Un adulte qui manipule une fillette.
Parce que oui, à 13, 14 ans, on est encore une fillette.
Je suis écoeurée, dégoûtée.
J’ai mal à mon humanité.
J’ai mal à ma maternité de petite fille de 2 ans qui, dans 11, 12 ans, aura ça, 13, 14 ans.
Qui sera un attrait pour des pervers, pour des pédophiles.
De jeunes hommes, beaux, intelligents, drôles qui ont l’air ben, ben gentils.
Mais qui ne le sont pas.
Qui traumatisent une fois, cent fois.
Parce qu’une fois qu’on vit un traumatisme, il reste imprégné à vie.
Il a des répercussions sur notre vision de nous-même, des autres, de l’avenir, des relations.
Il a des conséquences néfastes sur la construction identitaire, sur la confiance et l’estime de soi.
Et ces traces, elles restent à vie malgré la dénonciation, la poursuite, les nombreuses (et onéreuses) thérapies.
À vous, les filles, les femmes – et qui sait, peut-être les gars et les hommes – qui dénoncez actuellement, sachez qu’on vous croit. Qu’on est avec vous dans ce combat.
À vous, ces gars-là : allez chercher de l’aide. Et. Que. Ça. Presse.