Par Karine Boucher, finissante en psychoéducation
Au courant des derniers mois, j’ai beaucoup pensé à mon séjour en Asie du Sud-Est, particulièrement au temps que j’ai passé à Bali en 2013. J’ai eu un coup de cœur pour cette île. Quand je suis partie en Asie, je n’avais pas du tout l’intention de faire un « Mange, Prie, Aime » de mon séjour. J’avais simplement envie de réaliser un rêve de jeunesse pour célébrer mon arrivée dans la trentaine. En voyage, surtout pour un séjour de plusieurs mois, le rythme de vie est différent. J’ai adoré tous les pays que j’ai visités, mais avec le recul, c’est à Bali que je me suis vraiment retrouvée.
C’est un cliché, j’en conviens, surtout pour quelqu’un qui racontait à qui voulait l’entendre que je ne partais pas en voyage pour me retrouver. C’est sur mon balcon, dans ma petite « guesthouse » de Ubud, que j’ai complété ma demande d’admission en zoothérapie et que je me suis fait la promesse que si j’avais toujours envie de m’inscrire en psychoéducation à la prochaine période d’admission à l’université, que je tenterais ma chance. J’ai tenu ma promesse, car quelques années plus tard, j’en suis à la fin de mon parcours scolaire.
Depuis quelque temps, je ressens ce besoin de retourner à Bali. Au début je croyais que c’était parce que j’avais envie de boucler la boucle. Mon retour aux études a commencé à Bali donc j’avais envie d’y retourner à la fin de mes études. Toutefois, chaque fois que j’y repensais, je me sentais triste, nostalgique, le cœur me serrait. Le goût de voyager, en tant de pandémie, il y a mieux comme « timing » me direz-vous.
N’ayant pas suffisamment de vacances pour voyager au Québec cet été, j’ai opté pour des solutions voyages internationales, mais plus sécuritaires, soit de lire des livres de voyage ou encore regarder des émissions de voyage. Toutefois, surprise, plutôt que de me réconforter, ces dernières m’ont rendu triste au point de pleurer en regardant des reportages sur Bali et la Thaïlande. Je n’arrivais pas à comprendre ce qui me rendait si émotive.
Durant l’une de ces émissions, durant son entrevue, une expatriée a dit : « Je suis moi, ici ». C’est dans ce court extrait que j’ai finalement compris. Pendant mes études, je courrais après le temps, après l’argent, après les heures de sommeil, après l’énergie. Ce cycle a fait partie de mon quotidien pendant plusieurs années. Le stress et la fatigue étaient des partenaires de vie omniprésents: stress de manquer de temps, le stress de ne pas réussir, de ne pas avoir de bonnes notes, le stress de manquer d’argent, le stress d’échouer, le stress de ne pas être psychoéducatrice. Ce sentiment d’être moi, cette quiétude et cet équilibre que j’avais trouvé à Bali s’est fait très discret avec tout ce brouhaha qui a meublé mon quotidien des dernières années.
En psychoéducation, l’équilibre est un concept central. Les stratégies d’intervention misent sur un retour à l’équilibre et ainsi favoriser l’adaptation d’une personne dans ses différents milieux de vie. Avec la pandémie, notre équilibre collectif et individuel est mis à rude épreuve. J’ai pris conscience du fait que j’ai un thermomètre interne qui envoie des signaux lorsque mon équilibre est compromis et l’alerte maximale est lorsque la tristesse et l’émotivité reliée au voyage se fait sentir.
Est-ce que j’ai envie de retourner à Bali? Sans aucun doute, mais mon équilibre ne se trouve pas sur cette île magnifique. Cependant, j’ai réalisé que lorsque cette tristesse m’envahit, bien souvent, elle cache un besoin d’équilibre qui n’est pas comblé. Ce besoin d’être moi qui parfois se perd dans toutes les tâches, dans les choix que l’on fait au quotidien. C’est quand j’ai l’impression de me perdre que le besoin de partir refait surface.
Comment conserver un équilibre parmi toutes les activités professionnelles, personnelles qui meublent notre quotidien? Comment faire pour que ce nécessaire équilibre dans nos quotidiens soit réalisé sans avoir besoin de partir à l’autre bout du monde, pour ensuite reprendre le brouhaha où nous l’avions laissé? J’aime mon travail et mes études. Je m’y investis totalement et parfois, je m’oublie. J’ai dû faire quelques changements pour que le besoin de voyager en soit un pour profiter d’une passion et non un moyen de fuite du quotidien. Pour moi l’équilibre au quotidien passe par le temps passé avec mes chevaux, la méditation, le yoga, la lecture de romans, et finalement l’écriture. J’ai inclus dans ma routine des moments où chaque jour, je m’accorde du temps pour faire quelque chose que j’aime. Parfois, c’est 15 minutes, parfois plus, mais chaque jour, je me permets un petit moment pour m’arrêter. En ces temps particuliers, il est important de maintenir un certain degré de normalité et de garder son équilibre. Et vous ? Comment arrivez-vous à maintenir votre équilibre?