Un proverbe bien connu nous rappelle qu’il « ne faut pas se fier aux apparences ». Pourtant, elles semblent bien importantes, en 2017, les apparences. À l’ère de Facebook, Instagram, Snapchat et j’en passe, l’apparence est devenue notre priorité.
On croirait presque que l’important n’est plus de passer de beaux moments, mais de montrer à tout un chacun que l’on en passe, des beaux moments. Il faut afficher aux yeux de tous notre dernier voyage, le coucher de soleil aperçu hier et la promenade en vélo qu’on a faite. Et encore, si ce n’était que de ça, on s’en sortirait tout de même. Mais non, ce n’est pas suffisant.
On doit afficher notre dîner santé, notre smoothie vert, notre sortie au zoo avec les enfants, notre après-midi à cuisiner des cupcakes avec la famille. Et surtout, surtout, on doit afficher notre meilleur angle. Au besoin, on ajoute un filtre, question d’embellir la scène. Finalement, l’important, ce n’est pas tellement ce qu’on fait, mais bien ce que l’on montre qu’on fait.
La fois où les enfants se sont chicanés pendant l’après-midi, où on a décongelé une pizza pour le souper, où on n’a pas eu le temps de ramasser le salon ou de planter nos fines herbes, on se garde bien de les afficher sur les réseaux sociaux. Pire, on mettra peut-être quand même une photo des enfants, juste avant la chicane, même si l’activité n’a pas vraiment été un succès. Parce que ce qui est important, ce n’est plus ce qu’on fait, c’est le nombre de likes qu’on reçoit.
Le problème de ce fléau, c’est qu’il s’ensuit une compétition et une comparaison malsaine, plus ou moins avouée, entre chacun. Lorsque dans notre salon non rangé, en mangeant notre pointe de pizza sur le pouce, on voit une photo de la salade melon d’eau et feta de notre « amie Facebook », on se sent coupable. Ne serait-ce qu’un tout petit peu, à l’intérieur de nous. On aura donc envie, inévitablement, de publier nous aussi une belle photo de notre prochaine salade. Parce que nous aussi, on mange santé et on doit l’afficher.
Si chacun prenait le temps de partager davantage sa réalité, la vraie, il y en aurait peut-être moins, des comparaisons malsaines. On verrait même peut-être renaitre un peu de compassion et d’entraide. On pourrait en rire, de la énième chicane de nos enfants aujourd’hui, de la crise qu’ils ont fait au zoo, de la pizza qu’on a décongelé parce qu’on n’avait pas envie de cuisiner.
Parce que c’est normal, de ne pas toujours avoir envie de cuisiner. C’est normal que parfois, les enfants se chicanent, même pendant une belle activité familiale. C’est normal, que le ménage ne soit pas toujours fait.
Comme individu, comme parent, comme famille et comme société, je nous souhaite un peu plus de partage authentique, et un peu moins de filtres. Je nous souhaite des discussions honnêtes, de l’autodérision et surtout, un peu moins d’autocritique lorsqu’on s’aperçoit que notre réalité ne correspond pas à celle qu’on voit sur les réseaux sociaux. Parce que la réalité des réseaux sociaux, elle correspond à quoi, au fond? À un désir de bien paraître, bien plus qu’à un réel partage.