En attendant la mort, hier, je l’ai accompagné.
Je lui ai tenu la main. A lui. A elle aussi.
J’ai mangé du spaghetti indigeste; délicate attention d’un gentil infirmier tatoué.
La mort a une odeur de spaghetti.
En attendant la mort, j’ai caressé son bras froid.
Sa peau douce, légèrement flétrie.
J’ai vu arriver une, puis deux, puis quatorze personnes qui l’ont aimée – et l’aimeront encore.
J’ai distribué des mouchoirs, offert mon siège, reçu des sourires mal assurés, baignés de larmes.
En attendant la mort, ils se sont remémoré des souvenirs de leur mère, de leur grand-mère.
Ils ont parlé en espagnol a leur aieul, lui murmurant des paroles rassurantes. “Mamita…”
Ils sont resté plus de 7h a son chevet, afin qu’elle sache qu’elle n’est pas seule. Afin qu’elle ne meurt pas seule.
Puis, Poulet est arrivé avec maman et beau-papa, intimidié par ces visages déformés par la douleur, les yeux rougis par l’émotion.
Il a repéré son père, puis moi. Il est venu se réfugier auprès de nous. “On est en train de lui dire au revoir, Poulet”. Il m’a corrigée : “Adieu, tu veux dire”.
Il a vu sa maman pleurer. Il a voulu la rassurer. “Maman…”
Il s’est lovée contre elle et m’a confié : “Je ne crois pas que j’arriverai a pleurer”.
C’est correct, mon Poulet, c’est correct.
La mort l’a retrouvée hier soir aux alentours de 23h.
Je ne l’aurai jamais connue autrement que sur un lit de CHSLD.
Je ne l’aurai jamais connue autrement qu’au travers les récits de mon amoureux. De ses doux souvenirs.