Blogue

Vous n’êtes pas paresseux!

…mais qu’est-ce que c’est, alors?

par Stéphanie Poissant, ps.éd.

Comme psychoéducatrice, je travaille auprès de jeunes adultes à risque de décrochage scolaire et pour qui les obstacles ont été nombreux sur leurs chemins. Malheureusement, trop souvent, ces adultes en devenir n’arrivent pas à identifier 1 qualité les représentant et ils m’expliquent souvent que leurs échecs sont dus au fait que « C’est parce que je suis paresseux! ».

Chaque fois que j’entends cette phrase, j’ai un moment d’inconfort… Pour moi, rares sont les personnes réellement paresseuses. Oui, nous avons tous des journées de paresse (définition de paresse dans le dictionnaire « comportement d’une personne qui évite l’effort »), ce qui à mon avis, est complètement sain et même nécessaire pour recharger nos batteries. Mais se décrire et s’attribuer l’étiquette de paresseux est dangereux…pour l’estime de soi, dangereux de se cacher derrière «Ça ne sert à rien d’essayer, de toute façon je suis paresseux!» et dangereux que ce mot nous ferme la porte à la découverte de la réelle explication à notre inaction.

Lorsqu’un jeune s’identifie au mot paresseux, nous découvrons toujours une autre explication à sa façon de faire face aux situations. Lorsque le sentiment de paresse (puisque je préfère dire qu’il s’agit d’un état plutôt qu’un qualificatif pour décrire un individu), perdure et nous empêche d’avancer, il est pertinent de se demander ce qui nous retient :

  • Est-ce que les actions à poser ou la finalité me font peur ?
  • Est-ce que je suis en train d’éviter quelque chose de stressant ?
  • Est-ce que je ne crois pas en mes capacités de réussir ce qui m’est demandé?
  • Est-ce que j’ai l’impression que l’effort demandé n’est pas utile ou qu’il est trop grand comparé aux bénéfices qu’il m’apportera ?
  • Est-ce qu’il y a déjà beaucoup de choses dans ma vie qui me prennent de l’énergie ?

Si un individu a rarement vécu des succès, il aura l’impression qu’il n’a pas les capacités de faire l’effort et d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixés ou qui lui sont demandés. Il faut avoir vécu des succès pour sentir que l’effort en vaut la peine ou du moins avoir des modèles qui nous inspirent à tenter notre chance. Un autre élément à considérer : est-ce que l’objectif et l’effort demandé pour l’atteindre ont du sens pour moi ou pour des personnes pour qui je suis prêt à faire un effort ? Non … alors il faut trouver notre VRAIE source de motivation !

‘’D’accord, j’ai trouvé une explication à mon sentiment de paresse et un sens à cet effort…mais j’ai l’impression que je ne peux pas trouver l’énergie pour tout affronter !’’

Avons-nous déjà demandé à un enfant de maternelle d’écrire un texte de 2 pages ? Non. Nous lui avons appris à tenir un crayon, à faire des formes, à faire des lettres, créer des mots, relier les mots ensemble… Alors pourquoi nous demandons-nous d’atteindre des objectifs sans se donner le temps de réaliser les étapes pour s’y rendre ? Malgré toutes les raisons qui peuvent expliquer notre sentiment de paresse, il est important de prendre de petites bouchées pour prendre goût aux petits succès qui nous mèneront à de grandes victoires. Même si la motivation peut être faible au départ… l’appétit vient en mangeant ! De plus, pour avancer, il faut souvent être bien entouré ou cibler au moins une personne qui croit en nous. Il est important de s’accrocher à des personnes qui ont une influence positive, qui nous tire vers le haut et qui nous donne de l’énergie pour vaincre la paresse. Certains ont des poids plus lourds à transporter au quotidien, mais l’effort est moins grand lorsqu’on travaille en équipe. Prenons le temps de comprendre, de nous donner des objectifs réalistes et de demander de l’aide au besoin pour se sentir persévérant et non paresseux.