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Le confinement sans isolement

Par Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice et autrice

Depuis quelques semaines, j’écoute le livre audio : I though it was just me (but it isn’t), de Brené Brown, qui est une docteure en travail social américaine. (Psst! Je l’écoute en allant promener mon chien et ça me fait un bien fou, en ces temps…fous.) J’ai plusieurs de ses livres papier, aussi. Je vous invite à la découvrir si ce n’est déjà fait; je suis convaincue que vous y trouverez votre compte, puisque ce qu’elle aborde est universel.

Dans les différents cours universitaires que j’ai la chance d’offrir, je fais écouter son TED Talk à mes étudiant.es : The power of vulnerability, qui m’avait été recommandé par une amie en 2014 et que, depuis, je réécoute au moins une fois par année – en plus des visionnements en classe. Il va sans dire que je vous le recommande CHAUDEMENT.

À quoi elle s’intéresse, Dre Brown?

À la honte. Ouaip, cette émotion universelle ô combien inconfortable qui nous donne envie de nous couvrir les yeux avec un soupir embarrassé.

La honte de soi, d’une part de soi, de son histoire, de son passé, de sa famille, de son manque de culture générale,  d’un comportement en particulier qu’on adopte dans une situation de stress, de ressentir de la colère, de ne pas être assez, d’être trop, alouette.

Cette honte qui nous fait nous isoler, (nous) mentir, éviter les contacts avec les autres, les discussions en profondeur. Celle-là même qui nous murmure, en pleine classe : «Nonnn! Lève pas ta main : tu es clairement la seule à avoir une question. À ne pas avoir compris. Tu vas avoir l’air tarte parce que tu ES tarte. Tu ne comprends jamais rien à rien. ».

Cette honte qui nous éloigne de notre soi réel, authentique. Qui ne nous donne pas envie qu’il soit découvert par les autres, non plus. Cette honte qui nous amène à une déconnexion – tant envers soi qu’envers autrui.

Et l’humain étant une bibitte sociale qui a BESOIN de connexion pour répondre à son besoin d’appartenance, la déconnexion (et je ne parle évidemment pas de wifi) est inévitablement néfaste.

Car ce même besoin d’appartenance fait partie des quatre composantes de l’estime de soi (les trois autres étant : la connaissance de soi (qui est également plus difficile lorsqu’on est déconnecté de soi-même, n’est-ce pas), le sentiment de compétence et le sentiment de sécurité (physique et psychologique)).

La résilience à la honte

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des façons d’être résilient.e à la honte. (Pour en découvrir plus sur le concept de la résilience, je vous invite à lire, écouter et regarder Boris Cyrulnik qui l’a largement popularisé).

Entre autres choses, RECONNAITRE qu’on ressent de la honte d’abord et avant tout puis, en parler avec une personne de confiance qui ne nous jugera pas, qui saura nous démontrer de la compassion et de l’empathie.

En cette période de confinement, de grand stress et de grandes inquiétudes, je vous encourage à ne pas vous isoler. Oui, oui, c’est possible, même en période de confinement de se confier, que ce soit dans un journal intime, par courriel, texto, lettre, Facetime et Skype, pour ne nommer que ces moyens de communication. À partager comment vous vous sentez : vous verrez, vous n’êtes pas seul.e.

Ce faisant, vous resserrerez assurément des liens avec certaines personnes alors que d’autres…ne vous correspondent peut-être plus.

Oui, je crois que cette période difficile en est une de retour aux sources, à l’essentiel. Qui entrainera assurément un grand ménage dans nos vies personnelles, professionnelles et communautaires. Et ça aussi, c’est positif.