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Choisir ses batailles

Par Annie Murphy.

Toute ma vie, on m’a répété cette phrase : « Annie, choisis tes batailles ».

J’ai jamais vraiment compris la portée de cette phrase jusqu’à que ce je sois épuisée d’être épuisée. Épuisée de m’en faire pour tout, de vouloir tout régler, tout réparer. Épuiser de vouloir en faire toujours plus, de me donner plus que pas assez physiquement et surtout, psychologiquement.

La superwoman en moi a dû se rendre à l’évidence que je n’avais pas de super pouvoirs; je ne suis qu’humaine avec toute la part d’imperfections que ça comporte.

Dans la dernière année, j’ai compris à quel point les gens avaient raison : je dois choisir mes batailles. Je dois me questionner sur la pertinence de m’impliquer ou non dans une situation, un débat, un différend. Concrètement, que va m’apporter mon implication? Ai-je des bénéfices à participer à cette situation? Est-ce qu’au final je me sentirai plus mieux que mal? Si je réponds oui à ces deux dernières questions et que je sens que le jeu en vaut la chandelle de par les gains que j’en retirerai, je m’implique, sinon : out!

Ne pas choisir ses batailles m’a amenée à m’impliquer beaucoup trop émotionnellement que je ne l’aurais dû dans des situations perdues d’avance. Tenter d’influencer positivement quelqu’un, d’enseigner ou  de sensibiliser est souvent une quête vaine puisque les résultats de ces actions ne dépendent pas de nous.
12998593_128447197556028_8700924678826155535_nCombien de fois ai-je voulu empêcher des gens de se noyer pour finalement tomber à l’eau sans gilet avec eux? À combien de reprise je me suis lancée dans des débats inutiles qui ne m’ont qu’égratignée parce que j’argumentais avec des gens fermés d’esprit qui ne savaient qu’insulter? Combien de fois me suis-je butée à l’ignorance parce que je tentais de me prendre pour Mère Teresa et ouvrir les esprits non dotés d’empathie?

Une partie de moi ne regrette pas de s’être lancée dans ces batailles puisqu’il me reste l’impression d’avoir tout tenté et donc je me sens accomplie.  Par contre, j’ai infligé à mon amour-propre et à mes sentiments un tas de blessures inutiles parce que je n’ai pas su reconnaître mes limites et rendre les armes au moment opportun. Parce que parfois, abandonner le combat c’est le gagner.

Oui, je suis consciente que je dois choisir mes batailles et je dirais que j’ai fait un effort immense depuis un an à ce sujet, mais c’est encore toujours difficile. L’important, c’est que je le fais maintenant d’une façon saine. Je ne tente plus de m’embarquer dans des débats afin d’embellir mon image ou de valoriser mes valeurs et façons de faire. Le manque de confiance en soi est le pire bagage à traîner lorsque nous sommes incapables de choisir nos batailles. Parce qu’il n’est plus seulement important de remporter un combat, mais bien d’obtenir des appuis. Une bataille gagnée sans spectateur est si morose. On attend les applaudissements, les cris d’encouragements parce que ceux-ci nous renforcent et flattent si bien l’égo de celui ou celle qui n’a pas apporté  la confiance en soi dans son baluchon.

Nous devons penser à toute l’énergie positive que nous allons économiser et utiliser à bon escient en évitant de s’engager dans des batailles vaines. Il faut garder notre âme de guerrier pour s’impliquer uniquement dans les combats qui mettent notre bonheur en danger. Suis-je en train de dire qu’il ne faut pas se battre pour ceux qu’on aime? Aucunement, puisque leur bonheur implique le nôtre également. Il suffit simplement de ne pas oublier que la seule personne sur laquelle nous exerçons un pouvoir est nous-même. Rien ne sert à se damner à vouloir changer ou influencer l’opinion de quelqu’un qui ne veut rien entendre.

Concentrons-nous sur notre bonheur; la seule « bataille » qui vaille la peine.