Ce texte a été rédigé par Stéphanie Deslauriers, fondatrice de Ensemble Maintenant.
Etre adapté à un système dysfonctionnel n’est pas signe de bonne santé, physique comme psychologique. Plusieurs de nos enfants ne sont pas adaptés à notre système et le système sclérosé n’arrive pas à s’adapter à eux.
Ces enfants vieillissent, deviennent des adultes puis, on se demande pourquoi il y a tant de diagnostics, de médication prescrite pour ces ex-enfants qui n’arrivent pas à trouver un sens au système dans lequel ils évoluent, qui se sentent en marge, incompris, inadaptés, peu ou pas soutenus par ce même système et ses membres.
Rapidement, on apprend à nos enfants à entrer dans le moule, même s’ils doivent se couper un bras, se contorsionner pour entrer dedans.
Parce que la différence, ça dérange. Pas étonnant que nos enfants aient du mal à accepter et comprendre cette même différence; le modèle qui leur est donné leur montre exactement comment ne pas faire cela.
Et ça me fait rigoler (jaune) lorsque je vois des images comme celles-ci circuler sur les réseaux sociaux. Honnêtement, qu’est-ce que la majorité des adultes feraient en voyant ceci? « Petite fille sur la droite, je suis tanné de te le répéter : enlève-toi de là. Regarde comment les autres font : fais pareil comme elles.
Quand un adulte adopte des stratégies éducatives plus originales, on sourcille. Lui non plus, n’entre pas dans le moule.
En fait, on désapprend à être des enfants, on désapprend l’élan du cœur, la compassion, l’amour. Les enfants ne sont pas cruels, contrairement à ce qu’on peut en penser : ils ont des modèles cruels. Ils font ce qu’ils voient, ils apprennent ce qu’on leur montre sans faire de nuances.
On attribue des intentions adultes à des remarques et comportements d’enfants. On les pervertit avec nos perversions.
On a du mal à comprendre nos enfants, la manière dont ils pensent, réfléchissent et résonnent et on les réprimande à tout bout de champ à cet effet.
J’ai peur que nos enfants soient entre les mains d’adultes qui ne les comprennent pas. Qui, petit à petit, l’éteignent. Qui éteignent leur fougue, leur verve, leur franchise, leur authenticité. Juste pour qu’ils fittent enfin dans le moule. Pire encore, je ne veux pas être ce genre d’adultes.
