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Incompréhensions d’hôpital (et réconciliation)

image Personne ne souhaite être hospitalisé, dans la vie. C’est l’un des rares contextes où on ne se dit pas : “Crimepuff! Je contribue financièrement à ça depuis X années. Aussi ben en profiter, me gâter et me permettre un p’tit séjour!”.

Non. Parce que se faire hospitaliser, ce n’est jamais agréable.

Surtout pas quand on se fait dire par les infirmières que les hôpitaux, c’est ce qu’il y a de plus sale.

Encore moins quand on doit attendre 24h à jeun car on doit passer un test. A la fin de la journée, ne pas voir passé ledit test. Mais ne pas s’être fait offrir de repas non plus. Questionner, pouvoir manger. Revivre la même chose le lendemain. Disons que ce n’est pas comme dans un tout inclus : le buffet n’est pas disponible 24h sur 24 et ce n’est pas un “all you can eat”.

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Parce que personne ne rêve de passer 48h dans un corridor d’hôpital, sans intimité, sans petite clochette pour aviser l’infirmière qu’on a envie de pipi parce qu’on a besoin d’aide parce qu’on ne peut pas se lever seule.

On n’a pas envie de pleurer dans ledit corridor, le plus silencieusement possible. Ni de mettre drap sur sa tête pour avoir un peu d’intimité, quand même. Pleurer parce qu’on dort mal, parce qu’on n’a pas mangé depuis vraiment longtemps, ni même bu d’eau. Pleurer parce que c’est pas humain, stationner des personnes dans des couloirs, parler fort même la nuit quand les patients viennent d’arriver à s’endormir, drogués comme jamais. Devoir remettre ses petites culottes après on scan devant ses voisins parce qu’ils ont oublié de te les remettre dans la salle d’examen.

Je ne connais personne qui aime se faire “consoler” en se faisant tapoter le bras maladroitement par une infirmière qui te tend encore ta foutue médication qui n’est pas la bonne. Avoir la drôle d’impression qu’elle ne sait trop que faire de toi, qu’elle se sent dépassée par ton débordement de frustration, de tristesse. Alors, elle te tend ZE pilule pour te calmer, t’sais. Plutôt que de prendre le temps de te parler. De te rassurer. Sûrement parce que ce temps-là, elle ne l’a pas. Mais le comprendre après coup, de retour chez soi, quand t’as repris des forces, quand t’as plus besoin d’aide pour aller faire pipi.

Ce n’est pas plus agréable, être témoin de l’état de fatigue avancé des infirmières et médecins, de leur charge de travail – nous – comprendre que, malheureusement, avec l’état actuel de santé au Québec, on devient un fardeau pour eux. image

Savoir qu’ils font tellement de leur mieux mais constater que leur mieux, ce n’est peut-être pas suffisant pour la majorité des patients. Pour leur bien-être. Pour leur guérison psychologique, qui vient avec la physique.

Dans toutes ces constatations, rencontrer un préposé qui prend le temps de faire un petit bout de corridor à pied, avec toi, à ton rythme – qui est TRÈS lent.

Discuter avec une infirmière, recommencer à faire des blagues avec elle.

Rencontrer une autre infirmière qui prend le temps de t’expliquer ce qu’elle est en train de faire, lors de ton changement de pansement parce que t’sais, c’est ton corps dont il s’agit, après tout.

En rencontrer une autre encore qui, malgré le fait que son shift soit fini, qu’elle ait son packsac sur le dos et son linge de “madame”, prend le temps de te jaser ça en attendant son ascenceur.

Réaliser que même dans le pire contexte de travail, y’a des gens qui sont à leur place. Qui aiment passionnément ce qu’ils font, avec qui et pour qui ils le font.

Se réconcilier un peu avec les hôpitaux, même si tu souhaites ne pas avoir à y retourner, à moins que ce ne soit pour donner naissance à ton peut-être futur enfant.