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Faut qu’on se parle, pierre.

pierre, non, tu ne mérites pas un « Monsieur Foglia », un « vous » et ni même une majuscule à ton prénom.

La lecture de ton article (peut-on vraiment appeler ça un article?) m’a mise en rogne.

Parce que c’est précisément des gens comme toi qui créent et maintiennent la culture du viol : « Le viol, le viol, c’est pas si pire que ça! », « Les filles, fermez vos gueules, vous polluez mon fil Facebook et Twitter », « Une fois n’est pas coutume », « C’est jamais arrivé…sauf une fois au chalet », un coup  parti?

En gros, c’est ça que ça dit, dans ton « article ».

Je sais pas si tu sais tout le courage que ça prend pour dénoncer (et non « stooler », comme tu l’écris si mal) une agression. Je sais pas si tu sais tout le petit change que ça prend pour se replonger dans ses souvenirs d’impuissance, d’innocence mais de sentiment de culpabilité. « D’un coup que je l’aurais cherché? Que ce serait ma faute? ». Parce qu’il y a des gens comme toi qui nous font croire ça. De par des soupirs, des regards, des propos désobligeants. Et pire : de par des « articles » qui paraissent dans des journaux à grand déploiement.

Non, tu sais pas. Parce que tu t’es jamais fait taponné par un membre de ta famille. Parce que t’as jamais vu le regard impuissant de tes parents, qui veulent pas que tu parles, de peur de « briser la famille ». Parce que t’as jamais eu peur d’aller faire ta course le mardi soir en finissant de travailler, même quand il fait encore clair. Parce que t’as pas à surveiller ton verre quand tu vas en prendre un avec tes chums. Parce que tu t’es jamais lavé les partis intimes, en les frottant bien fort avec du savon, dans l’espoir que l’empreinte de la main de ton oncle s’estompe. Parce que t’as jamais porté des vêtements trop amples pour ne pas qu’on voit tes courbes naissantes, « d’un coup que ça donnerait le goût à un cochon de te pogner les boules ».

On somme à nos jeunes de penser à deux fois avant d’écrire quelque chose sur les réseaux sociaux, parce qu’il y a une nette différence entre penser quelque chose sur le coup de l’émotion, et l’écrire afin qu’il reste imprégner à tout jamais. Dommage que tu l’aies pas appris. Dommage que ton boss ait jugé bon que tu publies de telles cochonneries qui contribuent à la culture du viol.

Coudonc, pierre, de quoi as-tu peur? Ben non, je suis pas en train de soupçonner de quoi que ce soit. Les nerfs, pompon. Je suis juste en train de questionner ce qui motive tes propos.

Pis oui, j’suis d’accord avec toi. Combien de beaux-pères, de profs d’éducation physique et de coachs ont été accusés à tort, ont vu leur vie salie à jamais? Mais là n’est pas le débat, pierre.

Le but était que des femmes (et des hommes aussi!) parlent enfin. Se sentent écoutées. Comprises. Pu seules, enfin. Pu honteuses ni responsables.

Je pense que t’es passé à côté du but, mon pierre. Quel dommage…