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Comment gérer les demandes d’attention de la fratrie et les conflits?

LES DEMANDES D’ATTENTION DE LA FRATRIE

Que notre enfant soit autiste, ait une déficience intellectuelle, un diagnostic du syndrome de Gilles de la Tourette ou pas de diagnostic du tout, il faut savoir qu’il est normal que les relations fraternelles soient qualifiées de rivalité, de jalousie, d’envie. Les enfants tentent de trouver leur place au sein de la famille, tout d’abord, pour ensuite trouver leur place dans un groupe social, que ce soit à la garderie, à l’école, dans une activité parascolaire. Imaginez alors lorsque notre frère ou notre soeur présente des difficultés de comportement, d’autonomie, de socialisation, de communication! C’est vrai que les enfants qui présentent des difficultés particulières demandent souvent plus d’attention, que ce soit plus la gestion des crises, la gestion de l’environnement (qui implique l’organisation de la maison, des activités et sorties familiales), la panoplie de rendez-vous (évaluation, intervention, stimulation du langage, des habiletés sociales, des habiletés motrices, etc.). Il peut alors être difficile pour le frère ou la soeur de voir que l’attention n’est pas divisée à part égale entre les enfants, pour des raisons qui sont évidentes pour nous, adultes et parents.

Pour certains enfants, cette situation tend parfois à accroitre le sentiment d’injustice. Pour eux, le lien est simple : plus mon frère ou ma soeur dérange, plus il ou elle a de l’attention. Ces enfants pourront ainsi développer certaines “stratégies” pour attirer l’attention de leurs parents. Attention : pour la très grande majorité, il ne s’agit pas de stratégies délibérées, dans le but de nuire à la famille ou à ses parents. Il s’agit plutôt d’un moyen de diriger l’attention vers eux, afin de rétablir l’équilibre. Ce moyen est souvent un mécanisme de défense, si on veut. Comme si l’instinct prenait le dessus sur la rationalité, qui est limitée chez les enfants et qui est influencée par l’âge, aussi.

Certains autres enfants adopteront plutôt un rôle de parent; parce que les parents en font explicitement la demande, peut-être implicitement, aussi. Certains autres le feront d’emblée, parce qu’ils voient leurs parents débordés, fatigués et qu’ils ont envie de voir leurs parents plus en forme. Le fait d’aider ses parents et son frère ou sa soeur amène aussi souvent beaucoup de reconnaissance et ainsi, de renforcement positif (qui contribue à augmenter la fréquence d’un comportement soit aider, dans ce cas-ci). Un autre renforcement positif que les frères ou soeurs aidants obtiennent est le temps additionnel que les parents peuvent passer avec lui ou elle, une fois les tâches accomplies. Il est donc important de donner de l’attention à notre enfant qui n’a pas de diagnostic et ce, de manière « gratuite ». Ainsi, de leur donner de l’attention non pas que lorsqu’ils font des “mauvais coups” ou pas seulement lorsqu’ils aident leur frère ou leur soeur.

Il peut cependant être difficile de trouver du temps pour ce genre d’attention. Alors, un petit sourire, un clin d’oeil, une tape dans le dos, un câlin sont toujours appréciés; ils ne demandent pas beaucoup d’énergie ni de temps. Ces petites attentions que vous offrirez à votre enfant comblera une partie de son besoin d’attention de votre part.

Vous pouvez aussi lui expliquer, seul à seul, les difficultés et les défis que rencontre son frère ou sa soeur. Vous l’aidez à comprendre davantage les enjeux reliés au diagnostic et ainsi, aux défis engendrés par celui-ci.Vous pouvez aussi lui nommer que vous aussi, vous aimez passer du temps avec lui mais que ce n’est parfois pas possible ou du moins, pas autant que ce à quoi votre enfant s’attend. Vous validez ainsi ses perceptions, vous lui montrez aussi que vous l’aimez et que vous êtes sensibles à la réalité qu’il vit.

LA GESTION DES CONFLITS

Et oui, comme dans n’importe quelle relation fraternelle, il y a des conflits! Tout dépendant de la nature et de la gravité des difficultés rencontrées par votre enfant ayant un diagnostic, la gestion des conflits par les enfants est toujours à privilégier. Évidemment, les enfants plus jeunes ou plus atteints au niveau cognitif ont besoin de davantage de soutien de la part des adultes. On peut, dans un premier temps, modeler (donner l’exemple) les stratégies de gestion de conflits en les appliquant nous-mêmes dans nos conflits avec notre conjoint(e) et nos enfants. Par exemple, on tente de parler de SOI; comment JE me sens, quelle est MA demande. On encourage donc le dialogue et on favorise, à la fin, une réconciliation.

Dans le cas où l’enfant ayant le diagnostic est plus jeune ou plus atteint cognitivement, il se peut qu’il ne comprenne pas la demande et encore moins l’émotion que sa soeur lui nomme! On peut alors utiliser du matériel visuel (préparé d’avance ou dessiné sur une feuille dans le feu de l’action par l’adulte ou l’autre enfant, tout dépendant de son âge).

Si on utilise du soutien visuel adapté à la situation, on peut dessiner ce que le petit frère a fait (détruire la structure) (dans un encadré) et la soeur qui est en colère en faisant un visage qui fait la “baboune” (dans un encadré au-dessous du premier, en reliant les deux encadrés par un trait).

On peut dessiner à côté notre enfant qui aide sa soeur à reconstruire la construction dans un encadré, puis le visage de la soeur qui fait un sourire (dans un autre encadré au-dessous du premier, en reliant les deux encadrés par un trait).

On aide ainsi notre enfant à construire des séquences d’action-réaction. Il comprendra mieux les relations de cause à effet; “je fais quelque chose qui rend en colère mais je peux aussi faire quelque chose qui rend heureux à nouveau”!

Une autre stratégie intéressante est le soutien visuel préparé d’avance. Voici une séquence d’actions à poser quand on a un conflit à gérer;

1-nommer notre émotion

2-expliquer pourquoi

3-exprimer une demande pour réparer le geste

4-l’autre personne doit répondre à la demande (geste réparateur)

5-se réconcilier

On peut trouver des images (Boardmaker, Les Pictogrammes, d’Anne-Marie Le Gouill) qui représentent ces étapes et les “enseigner” à nos enfants dans un contexte de jeu. On peut même pratiquer cette stratégie dans des jeux de rôle!

Enfin, on peut aussi prévoir un endroit de jeu exclusivement pour le frère ou la soeur de l’enfant ayant un diagnostic. De la sorte, cela lui assure une certaine intimité, son espace personnel.

-Stéphanie Deslauriers