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Sois gai et tais-toi

Personnellement, j’ai grandi dans un monde où l’homosexualité était monnaie courante. Mon cousin était (et est toujours, évidemment) gai et un couple d’amis de ma mère l’étaient aussi. Je n’ai jamais été « contre » l’homosexualité, pas plus que je ne trouvais cela dégoûtant, ou bizarre. C’est en grandissant, en allant au primaire, où, pour s’insulter, les p’tits gars se traitaient de « fifs », de « tapettes » et de « gais ».  Je ne comprenais pas en quoi c’était une insulte. C’était seulement une orientation sexuelle, « n’est-ce pas maman? ». Je ne comprenais pas en quoi la différence dérangeait tant. Pourquoi mon cousin, parce qu’il aimait les gars, était considéré comme une moins bonne personne, ou comme inférieur. Je ne comprenais pas pourquoi il pouvait être victime de discrimination et qu’ainsi, il était mieux ne pas afficher son orientation sexuelle ouvertement au boulot ou devant certains individus.

Grosse parenthèse : (Et récemment, je suis tombée sur un article de la Presse (vous pouvez le consulter ici : http://www.cyberpresse.ca/vivre/societe/201102/02/01-4366017-homosexualite-la-discretion-feminine.php ) abordant justement la discrétion des homosexuelLEs (plus particulièrement) au sujet de leur orientation sexuelle au travail. Et les raisons de leur silence sur leur orientation. Et j’ai trouvé que c’était triste, alors qu’on est en 2011, de devoir taire une partie de qui on est pour ne pas se faire écoeurer, pour ne pas se faire poser de questions indiscrètes, pour éviter les commentaires du genre « Ah! T’es lesbienne? C’parce que tu m’as pas rencontré avant! Tu vas voir, j’vas te faire changer de bord ! ».) Enfin.

Et je me suis rappelée un ami de mon frère qui, vers 17 ans, a annoncé à ses parents qu’il était gai. Et son père lui a dit : « Soit tu changes, soit tu sacres ton camp ». Il a sacré son camp, en voyant qu’il ne pouvait faire changer la vision de son père à son égard. Comme s’il devenait un moins que rien, comme s’il ne méritait plus d’avoir de lettre majuscule au début de son prénom, comme s’il ne méritait plus d’être. Alors que la personne qu’il est n’avait pas changé. Seulement, il avait mis des mots sur une partie de ce qu’il était.

Et je me suis rappelée mon secondaire, alors que plusieurs personnes sont sorties du placard, le lendemain du bal des finissants. Tsé, juste pour être sûrs de ne pas se faire niaiser. Ou d’avoir à se battre (littéralement), à se justifier. Et je me suis rappelée cette affiche qui disait : « Fifi, c’est le nom d’un chien », sur laquelle trônait un caniche rose, pour bien signifier que l’on ne peut s’adresser à des individus.

Et puis, je me suis rappelée que ces enfants-là et ces ados-là, ils en ont des parents. Et ils en ont, des oreilles. Et qu’ils ont sûrement entendu ces jolis mots tout doux (j’entends par là « fifi », « fif », « tapette », etc.) pour signifier aux homosexuels qu’ils dérangent, par leur différence. Et que ces parents-là sont sûrement dérangés par la différence et par leur propre ignorance. Et qu’ils transmettent, directement (par des paroles, des gestes) et indirectement (par des attitudes, des conversations entre adultes dont les enfants sont témoins) ce dédain envers les gais à leurs enfants.

Et alors, je me dis qu’il est peut-être trop tard pour faire changer d’idée ces parents fermés, craintifs, ignorants et jugeants mais que c’est encore le temps de sensibiliser les jeunes à cette réalité. Pour favoriser l’acceptation mais aussi, la « sortie du placard » dans le cas où ces jeunes seraient homosexuels. Et prôner l’ouverture d’esprit et l’acceptation.

Car beaucoup trop d’homosexuels ont été rejetés, niaisés, intimidés pour la simple et bonne raison qu’ils sont attirés et aiment des gens du même sexe.

Et je voudrais profité de l’occasion pour dénoncé un groupe Facebook du nom de “CAHO” qui est contre l’homosexualité et qui tient des propos dénigrants contre les homosexuels. Pour dénoncer ce groupe, tapez “CAHO” dans votre barre de recherche Facebook et cliquez sur “Report/Dénoncer”.

-Stéphanie Deslauriers

Pour accéder à des témoignages touchants, rendez-vous au http://www.fondationjasminroy.com/