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Hommage au courage

Qui dit maîtrise en psychoéducation dit aussi profil recherche ou profil professionnel. À la dernière seconde, j’ai décidé que je me lançais en recherche. Juste pour essayer. Pour voir ce que ça allait donner. J’étais loin de me douter, lorsque mon tout nouveau directeur de mémoire m’a dit que les participants sur qui j’allais « tester » mes hypothèses étaient des familles qui allaient recevoir ou qui avaient déjà reçu un chien Mira pour leur enfant autiste, que j’allais rencontrer des gens si généreux, si engagés, si combattants. Eh bien, un soir de l’été dernier, entre autre, c’est ce qui s’est produit. J’ai rencontré une famille extraordinaire; un papa et une maman prêts à expliquer aux inconnus se questionnant sur la présence d’un chien alors que « personne ne semble aveugle dans la famille » qu’il s’agit en fait d’un chien d’assistance pour les enfants qui sont autistes, que ce chien aide les enfants à se sentir moins anxieux, qu’il permet à l’ensemble de la famille de vivre moins de stress et que c’est papa, maman, grande sœur qui s’en occupent, parce que les enfants ne sont pas encore en âge de pouvoir s’occuper de manière totalement autonome de leur chien. Cette même soirée, maman me dit qu’elle a déjà écrit un article pour la Société de l’autisme des Laurentides (S.A.R.)  ainsi que pour une revue canine (Toutous Magazine), en me disant que si jamais j’en ai besoin, que je n’ai qu’à lui faire signe. Cette proposition n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde! C’est pourquoi, il y a quelques semaines, je lui ai téléphoné pour lui demander si son offre tenait toujours. Et à ce moment, elle m’a dit quelque chose qui ressemblait à : « Tu sais, Stéphanie, en tant que mère d’une fille autiste, je crois qu’il s’agit de mon rôle, d’une responsabilité sociale d’informer les gens, afin qu’ils sachent. Si je peux leur apporter ça grâce au diagnostic de ma fille, eh bien, c’est déjà beaucoup ». Wow.

Alors voici les principaux extraits de l’article que Sylvie a écrit, à propos de l’apport de la présence du chien dans la vie de chacun       des membres de sa famille.

Relations avec Mocco

Dès son entrée à la maison, Mocco faisait déjà partie de la famille. Samantha est très fière de pouvoir amener son meilleur ami partout où elle va. Elle a commencé à le guider dès les premiers jours. Mocco était réceptif dès le départ même si Marc (le papa) était son maître.

Au bout de quelques semaines, Mocco a réalisé que c’était Samantha qui avait besoin de lui. Le déclic s’est fait chez l’orthophoniste, alors que Sam sortait du local sans lui. Il s’est levé d’un coup et a voulu tout de suite la rejoindre. Dès lors, ils sont inséparables ! Il la suit partout dans la maison, se couche près d’elle le soir et recherche son contact. Samantha ne reste jamais longtemps sans l’appeler ou le caresser. D’ailleurs, chaque matin, elle attend qu’il vienne la sortir du lit même si elle est éveillée (il lui taquine le visage avec son museau).

Attitude de Mocco

Mocco est un gros bébé qui adore se faire caresser et s’amuser. Il est aussi très gourmand! C’est un chien très affectueux, patient et calme. Lorsqu’il porte son harnais, il est vraiment à son affaire. C’est un chien remarquable! Il écoute très bien les consignes même s’il teste les limites constamment lorsqu’il n’a pas son harnais.

Relations interpersonnelles

La présence de Mocco aide énormément Samantha à s’intégrer en société. Nous avons remarqué qu’elle se force davantage à interagir avec les autres en leur présentant son chien. Elle s’est établie elle-même un scénario social quant à la façon « correcte » d’aborder les gens.

Amélioration du langage

Depuis l’arrivée de Mocco, Samantha s’est nettement améliorée quant à ses difficultés langagières. Elle s’exprime plus clairement et arrive à faire des phrases complètes et cohérentes. Par exemple : Elle introduit son chien auprès des gens en expliquant que c’est un chien Mira qui l’aide. Elle informe aussi les gens qu’il ne faut pas le toucher lorsqu’il a son harnais car il travaille. Également, elle donne des consignes précises à son chien et se plait à dire qu’il est son meilleur ami.

Réduction des symptômes d’autisme

Avant la présence de Mocco, Samantha utilisait beaucoup des répliques de films pour s’exprimer et se retirer dans sa « bulle ». Il lui arrivait souvent de tenir des propos incohérents et sans rapport avec les conversations en cours. Le fait d’avoir un nouvel ami fidèle à elle atténue son degré de stress et réduit donc ses « moments d’absences ». Elle recherche toujours sa présence et Mocco aussi. Son esprit étant occupé à Mocco, elle pense beaucoup moins à son « autre monde ».

Impacts sur la famille

Nous remarquons que le stress familial est beaucoup moindre depuis l’arrivée de Mocco chez nous. Sa présence au restaurant, au cinéma et partout ailleurs, suscite un questionnement de la part des autres et le fait d’avoir un rôle « éducatif » envers eux (explications du projet Mira, etc.) est réconfortant.

Également, le fait de devoir avouer que le chien est pour notre fille et donc d’expliquer qu’elle est atteinte d’autisme léger nous enlève un poids social car avant l’arrivée de Mocco, on se mettait beaucoup de pression pour « standardiser » les comportements de Samantha. Maintenant que les gens sont au courant de la situation, il y a beaucoup moins de stress. D’ailleurs, les gens se concentrent bien plus sur le chien que sur les comportements de notre fille !

Enfin, nous remarquons également un gros changement chez notre fille, Jessica, sa grande soeur. Mocco est maintenant une source de joie pour elle car nous ne l’avons jamais vu autant rire lorsqu’il s’amuse à courir partout dans la maison au moment de jouer. Également, elle est contente de dire à ses amis qu’il y a un chien Mira chez elle pour sa petite soeur.

La présence de Mocco dans la vie de chacune des personnes composant cette famille leur a apporté énormément, comme en témoigne le récit rédigé par Sylvie. Personnellement, je lève mon chapeau (ou plutôt, mon harnais et mon foulard Mira) à cette famille, à cette maman, à ce papa, à cette grande sœur et à cette petite sœur (et à pitou, aussi!) qui s’impliquent tant, à plusieurs égards. Qui acceptent de partager une parcelle de leur vie avec chaque inconnu qui les croise et chaque ami qui les questionne. Quand une collègue m’a demandé : « Cette famille, c’est une famille battante, hein? ». Oui, que je lui ai répondu. Oui.

 

 

-Stéphanie Deslauriers